LE BEAUSSET - Chemin des Oratoires

De nombreux oratoires ont été construits le long des chemins menant à des lieux de pèlerinage. D’autres ont été érigés pour marquer un lieu occupé jadis par une chapelle. L’oratoire Saint-Etienne remplace la chapelle du même nom, démolie vers 1736. Patron des fondeurs et des tailleurs de pierre, il est également invoqué contre les pertes de mémoire. La Saint-Etienne, fête célébrée le 26 décembre, était autrefois un jour férié en Provence. La coutume était d’aller voir la Pastorale et les crèches animées.

Selon les régions ou les quartiers, les oratoires sont construits en pierres de taille, en maçonnerie et parfois en briques. Comme l’oratoire Saint-Etienne, celui de Saint-Alban se caractérise par un pilier de maçonnerie, surmonté d’une niche ronde faite de briques. Jadis, Saint Alban était associé à Saint Eutrope, patron de la paroisse du Beausset. Il a été curieusement supprimé en 1863 par la congrégation des rites. Premier martyr chrétien d’Angleterre, Saint Alban est célébré le 22 juin.

Il a été construit en 1954. Les oratoires de Provence ont été érigés en l’honneur de plus de 75 saints différents : des saints provençaux mais aussi d’ailleurs. Même si la plupart étaient dédiés à la Sainte-Vierge, quelques-uns étaient dédiés à Jésus-Christ. À l’exception de deux d’entre eux, les oratoires qui jalonnent ce chemin datent probablement de la période située entre le XVIIIème et le XIXème siècle. Les archives communales ou paroissiales ne permettent pas de dater précisément les oratoires du Beausset.

Saint-Laurent est célébré le 10 août. Les Provençaux l’invoquaient contre les brûlures. Diacre romain du IIIème siècle, Saint-Laurent fut sommé de livrer les trésors de son église. Il répondit à cet ordre en amenant tous les pauvres qu’il protégeait dans le sanctuaire. Son impertinence le mena sur le gril où il fut martyrisé. Il aurait demandé à ses bourreaux de le retourner pour être bien grillé des deux côtés. Puis il serait mort en s’écriant : « Me voilà rôti à point ! ».

Le nom de cet oratoire, dont la statue a été volée en 1991, est lié au paysage agraire et aux activités rurales « beaussétanes » d’antan. Patronne des fermiers, protectrice de l’agriculture, Notre-Dame des Champs était traditionnellement représentée, entourée de moutons, soutenant une gerbe de céréales avec un enfant dans ses bras. La traditionnelle triade blé-vigne-olivier régnait sur les cultures. Les paysans, de vie modeste, cultivaient aussi fleurs et fruits pour améliorer leur quotidien.

Cet oratoire est encastré dans un mur de restanque (restanque ou bancau : nom donné en Provence aux murs en pierre sèche retenant la terre des terrasses). En dehors des oratoires dédiés à la Sainte-Vierge, ce sont ceux érigés en l’honneur de Saint-Roch qui sont les plus nombreux. En Provence, on invoquait Saint-Roch lors des épidémies de peste. Né à Montpellier en 1295, Saint-Roch consacra son existence au soulagement des pestiférés. Il fut un jour contaminé et se retira dans un lieu solitaire.

Une légende du terroir Sud Sainte-Baume raconte que Sainte-Anne demanda à un paysan du Castellet qu’elle venait miraculeusement de guérir, de lui faire édifier une chapelle. La Sainte-Vierge lui donna une belle chaîne en or lui disant : « Prends cette cadène, mets-la en loterie pour faire construire l’église en l’honneur de ma mère ». La chaîne, gagnée par un habitant du Brûlat, est toujours restée dans la même famille. On se faisait prêter la sainte chaîne lors d’accouchements difficiles.

Saint-Eutrope est le patron de la paroisse du Beausset. Les paysans venaient souvent l’invoquer pour faire pleuvoir, mais il n’entendait pas toujours leurs prières. Lorsque la sècheresse menaçait et que les récoltes étaient en danger, les Beaussetans avaient une bien curieuse façon de rappeler le saint à ses devoirs : on injuriait, on battait ou on l’arrosait sa statue. Et pour le punir quand il ne pleuvait pas, on plaçait sa statue à l’envers dans sa niche.

Sainte-Marie est la patronne et la protectrice du Beausset. Les Beaussetans empruntent depuis des générations le chemin des oratoires pour se rendre à la chapelle du Beausset-Vieux, devenue lieu de dévotion à la Vierge. Les chrétiens ont donné à Sainte-Marie, différents noms : Notre-Dame, Madone, Vierge-Marie. Mais dans la région, des édifices et des fêtes religieuses qui lui sont dédiés ont des noms parfois surprenants : Notre-Dame de l’Aïoli, des Œufs, du Bon Sens, des Saucisses.

Situé à l’emplacement de l’ancien village perché, cet oratoire se démarque des précédents par ses deux niches jumelées. On ne peut séparer Saint-Paul et Saint-Pierre qui sont considérés comme les deux piliers de l’Eglise. Selon le dicton provençal « Entre Saint-Pierre et Saint-Paul, plantes les poireaux et les choux », fêtés tous deux le 29 juin, jour où se termine le cycle de la Saint-Jean, grande période de fêtes provençales en l’honneur du solstice d’été et associée à Saint-Eloi.

Cette chapelle romane du XIIème siècle témoigne de l’installation initiale du village du Beausset dont elle reste aujourd’hui le seul vestige avec les remparts. Elle servit d’église paroissiale jusqu’au départ de la population pour la plaine en 1506. Elle devint alors un lieu de mémoire et de dévotion à la Vierge et abrite encore aujourd’hui de nombreux ex-voto qui témoignent des miracles de Notre-Dame du Beausset-Vieux. Elle est inscrite aux Monuments Historiques depuis 1970.

Située à 383 m d’altitude, la colline du Beausset-Vieux surplombe la plaine où s’étend l’actuel village du Beausset. Le haut de la chapelle offre une vue panoramique imprenable. La table d’orientation présente permet d’identifier les éléments des paysages environnants, passant du versant sud de la montagne Sainte-Baume au Bec de l’Aigle à La Ciotat, de la baie de Saint-Cyr les Lecques au vignoble du Bandol, sans oublier le Gros Cerveau et le Mont Caume.

Sainte-Barbe, très populaire en Provence, se fit baptiser contre la volonté de son père qui la livra aux bourreaux. Ceux-ci furent foudroyés au moment de son martyr. Depuis, on invoque Sainte-Barbe contre les orages. En Provence, la période de Noël commence le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe, et où suivant la coutume, on met à germer des grains de blé ou des lentilles dans trois petites assiettes symbolisant la Sainte Trinité. Si la verdure se fait haute, verte et drue, l’année sera faste.