MONTFURON - La géologie, l'homme et la Terre

200 m en contrebas, se dresse sur le coteau, la chapelle Saint-Elzéar (XIIe s.). La légende raconte qu'Elzéar de Sabran, fut marié de force à Delphine par ses parents. Celle-ci fit alors vœu de chasteté et réussit à convaincre son époux de se consacrer à Dieu. Lors d’un pèlerinage, Elzéard rencontre Thomas à Montfuron, aveugle depuis une forte fièvre. Il réalise un miracle en redonnant la vue à cet homme en l’an 1300. En guise de remerciement, Thomas fait édifier une chapelle à l’endroit où il avait été guéri.

En 1930, Jean Fabre s’installe dans une partie du presbytère de Montfuron et exerce le métier de cantonnier. Né en 1898 à Larche, dans les Alpes-de-Haute-Provence, il aura passé la plus grande partie de sa vie au village. Il est connu pour avoir rassemblé une collection de minéraux, de fossiles et de témoignages archéologiques dans un modeste "musée paléontologique". Modeste par la taille et la présentation, mais universellement connu puisqu'on peut affirmer que des visiteurs du monde entier ont défilé dans ses murs. Après son décès, en 1976, la collection a été en partie pillée par des cambrioleurs. Les pièces qui ont échappé au vandalisme ont été déposées dans les collections du Parc naturel régional du Luberon, à Apt.

Le gui des feuillus (Viscum album album) est une plante parasite qui vit aux dépens d'un arbre hôte, comme ici un amandier. Sa toxicité est liée à la présence de protéines. Son ingestion peut engendrer des diarrhées et des douleurs abdominales. Mais le gui, nanti de vertus extraordinaires dans la mythologie antique et germanique, fut célèbre jusqu'au XIXe s. pour guérir l'épilepsie. Aujourd'hui, ses préparations trouvent une indication dans l'hypertonie, l'hypotension, l'artériosclérose…

Le ravin situé au sud du village s'appelle "Ravin des plâtrières" et témoigne de l'activité d'extraction du gypse et de fabrication du plâtre.  En 1840 cinq ou six ouvriers étaient occupés à l’exploitation du gypse et pouvaient fournir annuellement 300 tonnes de plâtre. Il était utilisé à Montfuron et dans les communes voisines. En chemin, observez attentivement les talus alentours, vous pourrez appercevoir des lits de gypses intercalés dans les couches de calcaire ou de marne. Pour déterminer du gypse, rien de plus simple : il se raye avec l’ongle !

Le gypse est une roche évaporitique qui se forme dans des mers peu profondes, des lagunes ou des lacs salés. L’évaporation de l’eau dans ces milieux entraine une sursalinité et la cristallisation de roches solubles dites salines. Selon les conditions vont se déposer des chlorures ou sels (de sodium ou potassium) ou des sulfates de calcium. Les sulfates déposés cristallisent le plus fréquemment sous forme hydratée (gypse - CaSO 4 , 2H 2 O) mais parfois sous forme anhydre (anhydrite - CaSO 4 ). Ici le gypse forme de petits lits intercalés dans des niveaux calcaires ou marneux.

Typique du Luberon, de l'eau qui sort de nul part ! L'eau source de vie s'avère aussi sculteur de toute forme. L'eau premier agent de l'érosion a modelé et modèle encore nos paysages. Mais l'eau a également joué un rôle primordial à la création de nos reliefs. Dans les eaux marines, lacustres ou fluviales, se déposèrent au cours du temps, les miliiers de mètres d'épaisseur de roches sédimentaires qui forment l'osature du Luberon ; calcaires, marnes, lignites, conglomérats, etc.

Ici se dressent encore péniblement les murs de plusieurs bâtiments (ruines privées - danger d'éboulement, ne pas s'en approcher ni y pénéter !) et d'un ancien bassin, situé en contrebas du sentier. La date de construction reste incertaine mais ce bâti traditionnel souligne bien un usage agricole avec des pièces à vivre, des greniers à l'étage et des dépendances. Les matériaux utilisés à leur construction proviennent des environs immédiats.

De l’autre coté de la route, se dresse sur le talus la tour cylindrique en ruine du moulin des Arnoux – privé, interdit au public, danger d’éboulement ! Cet ancien moulin à vent servait à broyer le gypse pour le transformer en plâtre  dans le four circulaire creusé situé juste derrière le moulin à environ 10 m. Il y avait quatre ou cinq fours à plâtre sur la commune de Montfuron où les gisements de gypse étaient nombreux.

Connu il y a 9000 ans, le plâtre a été utilisé par les Egyptiens (gypse et Égypte ont la même origine étymologique), les Grecs et les Romains. Dans le Luberon, l’exploitation du gypse est connue dès 1378 à Dauphin. Jusqu'au XXe siècle, les exploitations étaient nombreuses à Gargas, St-Saturnin-lès-Apt, Manosque, Montfuron... en des lieux qui s’appellent encore Gypières, Blancherie, etc. Le gypse est un sulfate de calcium hydraté (CaSO4, 2H2O) qui chauffé vers 150°C perd une partie de son eau. Il devient alors un “semi-hydrate” plus connu sous le nom de plâtre. Lorsqu'on “gache” le plâtre en lui ajoutant de l’eau, le semi-hydrate récupère des molécules d’eau et reforme du gypse. On dit qu’il fait prise.

Le Chêne pubescent, ou Chêne blanc, très commun sur tout le pourtour méditerranéen, doit son nom au duvet qu’il porte sous les feuilles et sur les bourgeons. Il perd ses feuilles, au contraire du Chêne vert ou du Chêne Kermès qui les gardent tout l’hiver. Par contre, les feuilles sèches persistent longtemps, accrochées aux branches, ce qui donne des paysages bruns jusqu’en avril quand les jeunes feuilles de l’année prennent la relève : on dit qu’il est marcescent.

Les troupeaux de moutons du Luberon sont souvent gardés et protégés contre les prédateurs par des chiens de berger ou des chiens de défense, couramment appelés ''patous''. Ces chiens ne développent pas d'agressivité particulière vis-à-vis de l'homme mais comme leur rôle est de dissuader tout intrus de s'approcher du troupeau, ils peuvent se montrer « protecteurs ». Face au chien de protection venu à votre rencontre en abboyant fortement, arrêtez-vous le temps qu'il vous identifie, restez calme et passif, ne le menacez pas, ne le caressez pas non plus. Une fois qu'il ''décroche'', contournez largement l'aire de paturage ou de repos des animaux.

Cette corniche de roches calcaires organisées en feuillets a livré des fossiles de poissons, d’insectes, de plantes. L’ensemble des fossiles trouvés à Montfuron ainsi que les collections issues des villages alentours (Céreste, Montjustin, Vachères, Dauphin, Viens…) permettent de reconstituer les paysages du Luberon, il y a 30 millions d’années : des lacs et des lagunes aux eaux plus ou moins salées... Ces gisements sont classés en Réserve naturelle géologique : le prélèvement de fossiles et de minéraux y est strictement interdit !

D'ici se dévoilent les sommets du Grand Luberon (Mourre Nègre 1125 m), du Mont-Ventoux (1909 m) et de la Montagne de Lure (1826 m)...

Il existe deux moulins restaurés dans les Alpes de Haute-Provence. Un à Saint-Michel l'Observatoire et celui-ci à Montfuron, le moulin Saint-Elzéar, construit en 1640 sous Louis XIV. Il a été essentiellement restauré entre 1971 et 1980. Il est aujourd'hui toujours en état de marche et peut moudre. Une partie du mécanique en bois d’origine a été conservé. La charpente en pin massif peut se déplacer manuellement par rotation sur des galets à l‘aide d’un levier métallique qui permet d’orienter les ailes du moulin face au vent soufflant. Visite historique commentée les samedis après-midis : contacter la mairie de Montfuron. Tél. 04 92 76 41 65 mairiemontfuron@wanadoo.fr

Avec la collaboration et l’expérience du jardin des papillons de Digne, porté par l’association Proserpine, puis le partenariat de la Région Sud, du Parc du Luberon et l'Agglomération Durance Luberon Verdon, cet espace à ciel ouvert de 7.000 m² a permis de dénombrer pas moins de 60 espèces différentes de papillons diurnes et autant de nocturnes. Par une immersion dans le monde fascinant et secret des papillons, il est ici possible plus qu'ailleurs d'observer le vol spontané et libre des papillons sur les plantes nourricières qui les attirent. Avec la délicate découpe de leurs ailes et le chatoiement des couleurs et de lumière, ces insectes sont source de beauté et d’émerveillement. Le parcours est agrémenté de nombreuses et belles macros photographies de lépidoptères, offertes par des auteurs, amis du club PhotAzur de Six Fours les Plages. Pour les visites, contacter la mairie de Montfuron : Tél. 04 92 76 41 65 mairiemontfuron@wanadoo.fr

Les insectes constituent une des plus grandes richesses des calcaires en plaquettes oligocènes du Luberon. Leur état de conservation exceptionnel (traces de coloration, poils, soies, facettes des yeux, etc.), permet une détermination précise des espèces présentes. Savez vous que des papillons peuplaient le Luberon il y a 30 millions d’années ? L’un des mieux conservés s'appelle Lethe corbieri, trouvé à Céreste et dont le spécimen présente une empreinte et sa contre-empreinte avec une conservation des détails anatomiques exceptionnelle.

Juste au-dessus, se détache dans le ciel les ruines du château de Montfuron. Il s’agit plutôt, à l’origine, d’une grosse bastide qui n'a jamais eu de tours ni de pont-levis. Construite en 1552 par Jean Garnier, Sieur de Montfuron, Président de la Cour des Comptes de Provence, elle fut saccagée pendant les guerres de religion...

Au sommet de la butte dominant le village de Montfuron, se trouvent deux tables d'orientations. La première coté sud, présente le panorama et les sommets alentours. Six départements sont visibles depuis ce belvédère. Côté nord, une table originale : la rose des vents. Elle présente, selon leurs orientations, les 32 vents de Provence : le Mistral, le Marin, la Tramontane, le Sirocco,…. Saurez-vous les reconnaitre ?