À la découverte du patrimoine - Malestroit

Construite au XVe-XVIe siècle en pan de bois, la Maison de la Truie-qui-file a conservé ses anciens étals en schiste. Elle est ornée de sculptures colorées et allégoriques inspirées de l’univers du fabliau médiéval : la truie filant la laine symbolisant la débauche, la gueule de loup-garou, la sorcellerie, ou encore le lièvre jouant de la veuze, alors considérée par l’Église comme « l’instrument du diable ». Depuis 2015, cet édifice abrite la maison des Lapins Crétins, unique au monde.

Sur la route de Vannes, les seigneurs de Malestroit élèvent, au XIVe siècle, un hôpital. Composé d’une maison et d’une chapelle, il est détruit au XVIe siècle, pendant les guerres de Religion, puis reconstruit. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le faubourg Sainte-Anne se développe autour de la chapelle rebâtie. Ce soudain développement est dû au déclin du faubourg de La Madeleine. Aujourd'hui encore, la cité de Malestroit perpétue cette tradition hospitalière.

Située au carrefour de routes importantes, Malestroit organise et développe des foires et des marchés qui comptent très vite parmi les plus grands de la région. Ils lui permettent d’amortir les différentes crises que connaît la filière textile. Dès le XIVe siècle, les seigneurs de Malestroit installent une première cohue (halle) place du Bouffay ; ce bâtiment est transformé puis détruit en 1922. On y trouvait toutes sortes de produits issus de la ville ou des environs (cuirs tannés, draps, toiles tissées...) et du sel. Jusqu’au XVIIIe siècle, la halle sert également à rendre la justice. Malestroit possédait aussi un grand marché aux bestiaux. Il est déplacé hors les murs dès le XVIIIe siècle car jugé trop encombrant.

Sur l’emplacement de l’ancien hôtel de ville, l’architecte Edmond Germain de Vannes construit une nouvelle mairie en 1938. Cet édifice en béton rassemble un savant mélange du style régionaliste et du style Art déco. Sur le fronton sont apposées les armoiries de Malestroit et sa devise en latin : « Quae numerat nummos non malestricta domus » révélatrice de l’ancienne opulence de la cité, qui peut se traduire par : « Il n’est pas de Malestroit celui qui compte ses besants ».

Malestroit était autrefois enserrée dans un rempart, percé de quatre portes. Reconstruite au XVe siècle, cette enceinte fortifiée est fortement endommagée au XVIe siècle, pendant les guerres de Religion. Ces fortifications médiévales seront encore renforcées pour résister à l’artillerie, tout en augmentant les défenses aux points stratégiques. Au XVIIIe siècle, les autorités procèdent au comblement des douves et au démantèlement des remparts. La tour de la porte Saint-Michel demeure ainsi l’un des seuls vestiges de cette cité fortifiée.

Fondé en 1670 par les Ursulines de Ploërmel, le couvent est tenu pendant plus d’un siècle par les religieuses jusqu'à leur expulsion à la Révolution. Entre 1828 et 1866, l’édifice est transformé en noviciat par les Frères de l’instruction chrétienne, dispensant aux futurs prêtres un enseignement novateur, inspiré des écrits de Félicité de Lamennais. Au cours de ces années, la chapelle communautaire est agrandie. Durant la Première Guerre mondiale elle sert de clinique pour soigner les blessés avant d’être restaurée par les Augustines en 1931 qui transforment l’établissement en pensionnat. En 1944, la communauté a caché des parachutistes alliés en les habillant en religieuses, acte de résistance qui a valu, à la supérieure générale, Mère Yvonne-Aimée et à sa communauté, d’être décorées.

Reliée à la Vilaine et à la mer par l’Oust, Malestroit a véritablement développé son commerce et ses industries, grâce à sa rivière. La navigation sur l’Oust s’effectue à l’aide de péniches en bois, tirées par l’homme, puis par des chevaux sur le chemin de halage. Poursuivant le projet de Napoléon, du XIXe siècle, de favoriser l’acheminement des troupes, le canal de Nantes à Brest, mis en service en 1841, sert en fait pour les marchandises. Il apporte des matériaux nouveaux qui sont ensuite déchargés au port Saint-Julien, actif dès le XIIIe siècle. Afin de gérer et d’entretenir les écluses, permettant aux bateaux de franchir les dénivellations, des maisons éclusières sont construites le long du canal.

L’église Saint-Gilles se remarque par les couleurs de ses différents matériaux et le mélange des styles employés qui la rendent si singulière. Au Moyen Âge, saint Gilles jouit d’une réelle popularité : un pèlerinage se développe à Malestroit au début du XVe siècle, suite au don d’une relique provenant de l’abbaye de Saint-Gilles-du-Gard. Vraisemblablement construite en 1144, à l’emplacement d’une fontaine antique, la première église romane aurait été dédiée à saint Hervé. À la fin du XIIe siècle, l’emploi de voûtes bombées de style angevin, conservées sur la croisée et le bras sud du transept, témoigne du prestige des seigneurs de Malestroit. Suite à un incendie en 1456, l’église est en partie rebâtie en style gothique. Une seconde nef est accolée à l’ancienne au nord, entraînant un double pignon occidental au centre duquel s’élève le mince clocher du beffroi de la ville. Outre un riche décor intérieur, l’église conserve, sur une de ses voûtes, des peintures datant du XIIIe siècle, récemment découvertes, qui représentent trois motifs animaliers : un éléphant, un félin et un centaure cornu.

Elle est l’artère principale de la ville. La diversité des façades, par leurs styles et leurs matériaux, montre à quel point Malestroit se place au centre d’une circulation d’idées et d’influences. Les demeures, pourvues de grandes lucarnes architecturées, affichent la richesse des marchands entre les XVe et XVIIe siècles.

La chapelle Saint-Julien, élevée en schiste dans la première moitié du XVIIe siècle, donne son nom au faubourg qui l’entoure. En 1818, elle est intégrée à la première école des Frères des écoles chrétiennes, sous l’impulsion du père Gabriel Deshayes. Plus tard, l’école deviendra « l’école libre » de Malestroit.

Le quartier Saint-Julien est le lieu de travail des tanneurs jusqu'au début du XIXe siècle. Il est identifiable par les escaliers en schiste présents au bord de l’Oust. Les tanneries, procédant au traitement des peaux, étaient reléguées en aval de la ville en raison des mauvaises odeurs dégagées et de la pollution de l’eau occasionnée par cette activité.

Après une probable motte castrale au XIe siècle, un château de pierre, vraisemblablement érigé sur l’île Notre-Dame (anciennement île de Saudraie), donne naissance, rive ouest, au bourg seigneurial qui se développe autour de l’église Saint-Gilles et du château. Rive est, le Bourg aux Moines s’étend autour du prieuré de La Madeleine. En 1637, la congrégation des Augustins bâtit un couvent sur les murs de l’ancien château et de sa chapelle Notre-Dame. Ces édifices ont été remplacés au XIXe siècle par une imposante minoterie. Jusqu'en 1863, avant la construction du Pont-Neuf pour accéder à la cité de Malestroit, on franchissait un vieux pont qui avait succédé au pont-levis médiéval, situé en face de l’île Notre-Dame.

Installés depuis le XIIe siècle et symbolisant le pouvoir seigneurial, des moulins à eau s’élèvent sur l’île Notre-Dame et au bord de la rivière afin de produire du tan, essentiel à l’activité des tanneries, des farines et du drap en foulant des étoffes tissées. Au XIXe siècle, il ne reste que deux moulins à Malestroit, l’un à tan et l’autre à farine. La minoterie ou meunerie devient un moulin à tan pour répondre à la demande des tanneurs : deux déversoirs permettent de retenir l’eau. Redevenue moulin à farine dans les années 1950, elle ferme en 2007.

Cette riche et imposante maison évoque le passé florissant de la cité. Datant du XVe-XVIe siècle, elle présente une architecture en pan de bois, de type gothique, composée d’un rez-de-chaussée, de deux étages en encorbellement et d’un étage de comble ouvert dans le pignon. Son pan de bois conserve son principe de fenêtres d’origine, petites et rapprochées, qui viennent se rejoindre sur l’angle, semblable à celui des maisons de Vannes. Symbole du Christ, la sculpture du pélican, dont le bec a été remanié, est ici représentée avec les ailes recourbées en signe de protection et avec sa pitié, se perçant le ventre pour nourrir ses petits.

Sur la rive gauche de l’Oust, le quartier de La Madeleine, appelé à l’origine «Bourg aux Moines», conserve d’anciennes maisons en pan de bois qui témoignent de son passé artisanal. Au XIIe siècle, le seigneur Payen de Malestroit fait don du prieuré et de la chapelle à l’abbaye de Marmoutier, près de Tours. De la chapelle romane subsite un étonnant clocher-mur, rare exemple de ce type en Bretagne. Au XVe siècle, on lui ajoute une chapelle gothique dont les fenêtres en arc brisé sont encore visibles aujourd’hui. La chapelle est le témoin de nombreux événements historiques. Au cours de la guerre de Cent Ans, en 1343, et dans le contexte de la guerre de Succession de Bretagne, une trève, vite rompue, est signée entre le roi d’Angleterre et le roi de France. Sous la Révolution, en 1795, la chapelle voit s’affronter les Chouans (royalistes) et les armées de la République. Elle est finalement désaffectée en 1865.